REF 226 - Le Haro - journal républicain du 04 octobre 1851.
Le Haro : national normand, numéro du 04 octobre 1851
(…) Isigny, ce nom me rappelle, — car je suis un peu vieux, — les motifs qui; sous Louis-Philippe, firent révoquer M. de Laboire, qui depuis fut républicain et qui depuis est redevenu légitimiste.
C'était dans les premières années de l'intronisation du roi des barricades : un monsieur Fortecu ou de Fortecu, avait été condamné par le conseil de discipline de la garde nationale d'Isigny, pour manquement au service, en cinq jours d'emprisonnement. La gendarmerie reçut l'ordre d’exécuter le jugement. M. Fortecu ou de Fortecu... un nom noble, je crois… s'était toujours dissimulé. Le tricorne galonné ne lui produisait pas le même effet qu'à Odry ; il l'avait en horreur. Cependant un beau matin — pas pour lui, — les gendarmes prirent M. Fortecu ou de Fortecu au gîte ; il fut conduit à Isigny ; mais comme il n'y avait pas de prison, il fut arrêté.... qu'on le conduirait à Bayeux. On consentit tontes fois à le laisser coucher à Isigny ; mais le lendemain matin, il partit à cheval en l'aimable compagnie des gendarmes les plus folichons qui jamais aient existé dans la gendarmerie. Il fit ses cinq jours de prison. Mais après sa sortie, conseillé par des amis de l'ordre, mais non de la gendarmerie, il intenta une action aux gendarmes, pour détention arbitraire, se fondant sur ceci, qu'ayant couché une nuit, à Isjgny, en la compagnie de la gendarmerie, on lui avait fait faire six jours de prison au lieu de cinq.
L'affaire fut appelée devant Te tribunal correctionnel de Bayeux. M. Dumetz, qui commandait à Bayeux, invita un chef d'escadron de Caen, appartenant à l'armée à venir à l'audience pour défendre leurs bons gendarmes.
M. de Laboire était alors procureur du roi. M. Fortecu ou de Fortecu, je vous l'ai dit, était noble et légitimiste, M. de Laboire aussi ; son père s'appelait, si j'ai bonne mémoire, Charles Gringalet Bélier de Laboire. M de Laboire prit parti pour M. de Fortecu, et lança un réquisitoire proprement suinté, contre les gendarmes... qui furent condamnés. L'affairé fut portée en appel ; et, autant que je puis me le rappeler, la cour déclara les gendarmes blancs, comme l'est aujourd'hui M. de Laboire.
Cependant le colonel de gendarmerie qui avait pris fait et cause pour ses subordonnés, adressa ou porta lui-même au ministre de la guerre un rapport que celui-ci communiqua au ministre de la justice, et M. Bélier de Laboire alla planter ses choux à Castillon,... où il n'a pas pu entrer au conseil municipal. M. Douesnel succéda à M. de Laboire sur le siège du ministère public et M Douesnel lui-même....
Sources : Remerciements à Mr Christophe Canivet